الخميس، 3 يوليو 2008

Sidi Slimane s’inquiète sur son sort


Sidi Slimane s’inquiète sur son sort      
(Ville sous la loupe: pour un non retour au point de départ)
 
Par Idrissi Houssaine            121270 
 
Tout dernièrement, les communications syndicales et associatives, annoncent que la fermeture des unités de productions (dont Sunabel, Chaud Soleil, 3 stations d’emballage moulin Sidi Slimane etc.…) a atteint le nombre de treize! Chiffre fatidique pour certains, pessimiste pour d’autres, mais tout le monde s’accorde à prier le bon dieu que la chute libre s’arrête là
Si le chiffre ne souffre d’aucune interprétation pour les observateurs socialement et intellectuellement différents, sa signification au niveau locale pose plusieurs questions entre autres: est ce vraiment le signe de l’échec du projet de développement de la région du Gharb voué à l’industrialisation et à la reforme agraire leit motiv des années soixante
Ce qui est certain, c’est que nous vivons actuellement la fin d’une phase et le début d’une autre .On se souvient sans doute du projet Sebou  (1962) et autres projets pour un développement intégré du Gharb par le lancement de la SODEA, SOGETA, ORMVAG et des unités de productions industrielles dont la sucrerie de Sidi Slimane (Sunabel) en rapport avec la promotion de la betterave sucre dans la périphérie de la ville.
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La sucrerie de Sidi Slimane (Sunabel)  
Tous ces projets industriels étaient plus que providentiels pour la région du Gharb et pour la ville de Sidi Slimane en plein expansion démographique due aux taux d’accroissement des populations élevées (5,4% entre 1960 et 1971 et 2,7 entre 1982 et 1994) et à l’émigration causée par la création de nouveaux postes de travail. ِ
La ville de sidi Slimane s’est dotée de toute une infrastructure (Ferroviaire, routière, usines ,établissements publiques, quartiers d’habitation etc.…) qui s’est répercutée positivement sur les ressources de vie au profit des masses populaires et pour les investisseurs dans les différents secteurs (industries, agriculture, commerce, transport, services)Apparemment la ville vit sur ses projets et aussi sur les apports extérieurs(salaires des TME transferts de capitaux d’autres villes et régions…).Bref on peut dire que notre ville n’a pas à se plaindre pour sa situation parmi ses paires en plein expansion entre les années 60 et 90.Les slimanis qui ont vécu cette période lancent la boutade de petit Paris non pour exprimer un quelconque jeu d’esprit mais en souvenir de progrès ,d’aménagement et d’embellissement comme le demande toute ville en mouvement .La ville travaille et vit de ses ressources et ses richesses distribuées inégalement, bien sur. 
Actuellement que l’on sait que le rouleau compresseur de la faillite a eu raison de ces unités de production, malgré la forte opposition /résistances des travailleurs locaux sous la conduite des syndicats (CGT;UMT). On doit s’interroger sur la répercutions de cette nouvelle situation sur la vie sociale et économique de la ville.
Notons qu’avec la fermeture de ces unités de production industrielles, la culture de betterave à sucre disparaît, que la production des agrumes baisse (vieillesse, sécheresse, mauvaise gestion) alors que la « niora »  disparaît .La ville perd ainsi son support économique une véritable désindustrialisation ,pour sombrer dans la phase de ruralisation et la marginalisation comme il plait à certains de le formuler dans leurs écrits journalistiques !
Cette nouvelle situation génère des changements économiques et sociaux suite à la dégénérescence des principales sources de revenus à Sidi Slimane.
on peut mentionner :
          * la transformation d’ouvriers retraités ou à retraite anticipée en petits commerçants, ou en fondateurs de petites entreprises en mécanique, électricité, en ébénisterie;
       * Le changement de lieu de travail par les ouvriers en émigrant vers les ville avoisinantes (Belakciri, Sidi kacem, Sidi yahia et Kenitra)et vers Tanger, Nador ou vers l’étranger après un fortuit contrat.
        *le transfert des masses à la recherche du travail auprès des usines auparavant, vers le Moukef   (marché de travail qui s’ouvre de 4 heures du matin tout près du marché central de Sidi Slimane) ou   pour venir renforcer les rangs des sans emploi , l’armée de réserve du travail nous dit on(le taux du chômage s’est levé en rapport avec la fermeture des usines et avec la promotion des diplômés de l’université ,arrêt des études au niveau secondaire et même primaire pour des causes multiples)
    * La reconversion pure et simple des ouvriers industriels en ouvriers agricoles pour vivre avec des salaires dérisoires (60 à 80 Dh la journée de 8 à 10h !) se répercute sur la masse des salaires au niveau de la ville et par conséquent sur le niveau de la consommation perturbé par la flambée exceptionnelle des prix     ce qui a provoqué la protestation de la Mounassikia locale et l’organisation des sit-in                             
*la prolifération   des professions informelles de toutes sortes et qui demandent de faibles investissements (petits capitaux que certains s’empressent d’allouer à tout demandeur contre des engagements bien précieux): le petit commerce aléatoire de vêtements, fruits , de casse croûte ,de cosmétiques se répandant tout azimut et mobilisant des centaines de citadins et citadines de tout âge et sexe à des endroits de fortune(garages , petites boutiques,. marché aux puces notre Joutia) ou tout simplement sur des chariots(fruits, légumes, ustensiles en plastique) qui défient le plus souvent la vigilance des gardiens de la paix
De quoi vit actuellement notre ville? Si l’on fait exception des salaires des ouvriers du moulin El Fellah et des petits ateliers et professions en majorité informelles qui ont vu le jour tout dernièrement, hormis les revenus des fonctionnaires, des commerçants locaux, on peut dire que la majorité des revenus des habitants de la ville viennent de l’extérieur de la ville: salaire des TME des ouvriers et fonctionnaires ,et des produits de la campagne Slimanie .Globalement la masse des revenus de la ville a enregistré une véritable régression dont les répercutions ont touché plus d’un secteur .Comment affronter la situation? Et auparavant, à qui incombe la responsabilité de cette régression de notre ville?
La gauche, l’opposition en général ,ne cache plus les reproches formulées envers la direction du plan et d’aménagement et le ministère de l’intérieur, les collectivités locales(conseil municipal)et le Capital .Dans le cadre de la bonne gouvernance en vogue actuellement n’est ce pas au ministère de l’intérieur que revient la responsabilité de monter des plans directifs orientant le développement de la ville et son expansion ,et au conseil communale qu’incombe la responsabilité de bien gérer la vie économique et sociale de la ville, quant au capitalisme seuls la plus value, le chiffre d’affaire , l’intéressent , peu importe pour lui la condition des masses des prolétaires.
Le trio est bien conscient de ses responsabilités dans la régression de la ville et même de l’échec des projets d’industrialisation de la région ce qui les amène à suivre une politique adéquate à la nouvelle situation et pallier aux divers problèmes dont souffre la grande majorité des citoyens de la ville .Cette politique vise à atténuer la tension sociale et masquer le malaise répandu dans les différents quartiers de la ville, en prenant des prérogatives multiples classées urgentes mais considérées par certains niais comme des faveurs .IL s’agit entre autres de:
-satisfaire toutes les demandes pour créer des ateliers (mécanique, ébénisterie, forgerie gypse rie, et autres pour consumer le sur plus de la main d’œuvre disponible malgré les nuisances (bruits, dérangements) qu’ils peuvent créer pour les habitants.
          -satisfaire les demandes d’agrément pour le transport urbain (motos, petits taxis transport mixte) remplaçant par là l’interdiction des chariots qui a d’ailleurs soulevé une grande polémique en ville et a provoqué un sit-in de la part des utilisateurs de chariots .Les principaux bénéficiaires restent les jeunes promoteurs et les lauréats universitaires qui n’ont pas profité de la distribution de kiosques (une centaine dans tous les quartiers,
 -Soutenir et favoriser la création d’écoles privées de la crèche jusqu’au secondaire pour intégrer dans le domaine du travail des jeunes diplômés (de 100à500)
       - Faciliter la participation des investissements à la campagne (espagnols entres autres) surtout après la session de la Sodea au capital privé
             -suivre de très près tous les mouvements de protestation et de grève privilégiant les intérêts du capital
             -Renouveler l’asphalte des rues de la ville et le réseau d’assainissement projets accordés à des sociétés en dehors de la ville que tous les observateurs assimilent à la préparation des élections en son temps, alors que la ville est arrivée au creux de la vague pour que les habitants expriment leur colère par le biais des associations ou ouidadias ou organisation politiques et syndicales, suite à la mise un terme aux fontaines publiques dans les quartiers populaires(Ouled El ghazzi, Ouled Malek) et suite à la constatation que l’eau a un mauvais goût et suite à l’obstruction des réseaux d’assainissement dans plusieurs quartiers de la ville (Hay Essalam, EL Gomaryne, Al Limoune).Les travaux sont en cours et sont perçus d’un bon œil, bien que venus en retard pour chambouler la vie partout à la ville(voir l’avenue Mohamed V, en particulier) et annoncer sans doute le projet de la gestion déléguée de mauvaise augure dans plusieurs villes.
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Les travaux sont en cours et sont perçus d’un bon œil, bien que venus en retard pour chambouler la vie partout à la ville(voir l’avenue Mohamed V, en particulier)
Des exemples de prérogatives entre des milliers d’autres, reflétant les multiples problèmes auxquels s’attellent les autorités locales et les élus en vue de pallier aux problèmes qui touchent tous les secteurs économiques, sociaux et culturels. Bien sur toutes ces actions restent au delà des aspirations des masses populaires qui attendent l’amélioration du niveau et condition de vie en enrayant la paupérisation le chômage et la marginalisation, problèmes qui ont suscité protestations et sit-in dans les rues de la ville ou devant l’hôtel de ville et le conseil municipal, protestant contre la mauvaise gestion des affaires des citoyens et présentant des mémorandums en bonne et due forme et sans lendemain, aux autorités locales.
La visibilité de tout progrès reste floue pour dépasser cette politique pragmatique dont profite en fin d’analyse le capital et ses acolytes sur place .Les mafiosi des élections savent jouer sur toutes les cordes  pour réussir leur coup.
                 Sidi Slimane le 20 juin2008
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