ACME/ MAROC
Dénonce – Revendique
Par Idrissi Houssain
17 et 18 Mai 2008 ACME/MAROC s’est encore manifestée et cette fois c’est pour commémorer la Journée nationale de l’eau à Ifrane, dans sa deuxième édition. Le choix du lieu et du thème (droit d’accès à l’eau = droit à la vie) sont-ils fortuits? Les organisateurs de la manifestation l’expriment clairement. Ifrane est au coeur du moyen Atlas qui constitue le «réservoir d’eau » et la source de plusieurs oueds marocains. C’est une zone où l’eau pure jaillit de partout pour être affectée ailleurs par la pollution de plusieurs pollueurs avant d’arriver aux consommateurs (agriculteurs – Industriels – habitants – hôteliers) et atteindre l’Atlantique. Le choix du lieu est très significatif à plusieurs égards donc, alors que le choix du thème est expliqué par la menace qui touche notre patrimoine hydrique suite à la régression de la pluviométrie (changement climatique et effet de serre nous dit-on) et suite aussi à la mauvaise gestion de ce patrimoine hydrique (sur exploitation dans certains secteurs, la privatisation de l’eau, la gestion déléguée débouchant quelques fois sur des scandales scrupuleux). Notons en passant que la question de l’eau était en 1937 (intifadat-ma-lahlou de Boufkrane) un des éléments historiques pour le soulèvement contre le détournement des eaux au profit des colons privant les fellahs et la ville de Meknès de l’eau. L’élément ‘’ne touche pas à notre eau’’ forme une pièce maîtresse pour l’organisation d’une telle rencontre à Ifrane pour ‘’sonner le glas’’ et en même temps exprimer le soutien de l’ACME/MAROC aux populations touchées en leur profonde existence et dignité (les habitants de BENSMIM en sont la preuve).
ACME/MAROC a donc saisi cette occasion pour dénoncer la mauvaise gestion de l’eau tout en posant la question de l’eau dans sa juste mesure.
C’est justement ce qui ressort de la communication de Mr Larbi BOUGUERRA (ancien président de l’université de Tunis, expert en la matière) à travers l’enjeu de l’eau au bassin méditerranéen pouvant s’acheminer vers des conflits armés. Le professeur dévoile à la fois la vulnérabilité des ressources hydriques et les enjeux économico-sociaux et politiques qui s’en suivent. Enjeu dépassant par son acuité le pétrole (or noir) montrant par là que l’eau c’est la vie (..). En voilà une approche nouvelle de la question de l’eau, une approche qui se veut pertinente, rationnelle mais économico- sociale.
C’est aussi l’occasion pour le président de l’ACME/MAROC (Mahdi LAHLOU) pour passer en revue –devant un auditoire de tous ages et cultures-l’action que mène l’ACME pour défendre la non privatisation de l’eau en tant que richesse collective à travers les conférences de presse, les communications, débat national et international, soutien aux luttes contre la spoliation de l’eau et participation aux sit-in etc. L’action de l’acmé n’aura pas eu lieu sans la sur-exploitation, sans la menace de notre richesse nationale, sans la ‘’couverture’’ des responsables gouvernementaux, et de certain élus aux manigances de certains dont les conséquences désastreuses se répercutent sur les populations et les consommateurs, particulièrement sur ceux dont le revenu reste modeste sinon précaire.
La manifestation d’ACME/MAROC (sensibilisation et débat – théâtre – et musique) dans le cadre de la fête de l’eau (eau droit humain) a atteint son objectif pour plusieurs raisons. Elle a pu :
· Démontrer clairement que le problème de l’eau n’est pas seulement d’origine naturelle (conditions naturelles) mais essentiellement économico-sociale et politique au cours de la phase que traverse l’humanité (changement climatique et mondialisation). Il en découle que le problème n’est pas lié à la ‘’rareté’’ mais à la gestion de cette richesse propriété collective et inaliénable.
· Démontrer que le problème de l’eau au Maroc se pose avec acuité en rapport avec la mauvaise gestion du secteur (sur-exploitation, passation de cette richesse hydrique à des sociétés capitalistes voraces de profits au dépens des intérêts des populations rurales et citadines), la ‘’mauvaise gestion’’ apparaît dans plusieurs cas dont le cas de Bensmim, Casablanca, Bouarfa et ailleurs où les luttes populaires prennent des formes multiples pour défendre leur droit d’eau.
La deuxième édition de la commémoration de la journée nationale de l’eau 17-18 Mai est en fait l’occasion pour ACME/MAROC de réitérer ses revendications (cf communiqué à l’occasion de la journée mondiale de l’eau 20-3-08 Rabat) ; parmi ces revendications en peut relever :
- La reconnaissance de l’accès à l’eau pour tous comme droit fondamental.
- Une réforme globale de la politique de l’eau au Maroc et la création d’une instance nationale susceptible d’élaborer une stratégie hydrique comme solutions aux problèmes posés dans le secteur de la consommation de l’eau.
- Elaboration d’une nouvelle politique économique et sociale répondant rationnellement et concrètement aux problèmes enregistrés dans les secteurs agricoles, touristiques et répondant aussi à la menace exercée sur le patrimoine hydrique.
- Révision des clauses du protocole d’accord entre LYDEC et Majlis-elmadina (Casablanca) dans le respect des droits et intérêts des citoyens de Casablanca.
- Renouvelle sa revendication pour mettre fin au projet de mise en bouteille de l’eau de la source de Bensmim.
A la clôture de cette manifestation ACME/MAROC lance un appel (dit appel d’Ifrane) pour la création du FORUM MAROCAIN DE L’EAU, véritable espoir de coordination au sein de la société civile.
Sidi Slimane le 20/05/2008.
——————-
Note:
ACME=Association pour le contract mondial de l’eau, créer en 2006 à Rabat sous le nom ACME/Maroc, et a tenu son assemblée nationale à Eljadida le 2 Décembre 2007