الاثنين، 16 نوفمبر 2009

Sidi Slimane : naissance d’une ville en expansion


Sidi Slimane : naissance d’une ville en expansion
léments oraux pour l’histoire)

  Par Houssaine IDRISSI 
 
Sidi Slimane en 1963
      Tout un chacun sait que la ville de Sidi Slimane est née sur initiative de quelques colons comme Henri Priou vers la fin des années vingt du siècle dernier (un natif  a même avancé la date de 1926 à la veille de la grande crise mondiale). Comme centre d’exportation des céréales par le chemin de fer reliant Casa Oujda. C’est dire que la naissance de cette ville est liée économiquement à la production coloniale qui doit être acheminée vers la métropole juste au moment où la France se prépare à affronter les méfaits de la crise grâce à la participation des colonies dont le Maroc qui n’est pas  tout à fait « pacifié » comme aiment à le ressasser les historiens du capitalismes d’entant .La ville à sa naissance, nous dit on , ressemblait aux petits bourgs que bâtissaient les européens pour développer leurs capitaux dans le secteur commercial (commerce ;bars ;transport ;collecte de céréales en transit) et le secteur agricole  qui est d’ailleurs le secteur de prédilection sous les incitations du protectorat (statut foncier ;facilités de banques ;protections civiles et militaires ) .Des familles étrangères (espagnoles française grecques etc. ) ont su fructifier leurs capitaux profitant de toutes les potentialités locales en présence :naturelles, humaines et administratives .La promotion de la petite ville est assurée grâce justement à cette situation favorable au développement du capital  étranger sur le sol occupé des marocains et au profit de la métropole .Certains ont même avancé le quolibet de Petit Paris  comme résultat des efforts déployés pour mettre en exergue les réalisations du colonialisme  français au Maroc occupé(traité de Fès 1912 ,le projet Lyautey sur le plan de l’urbanisation voir « le cas du port Lyautey » non loin de Sidi Slimane)
Le petit pari  dois je dire est bien là : une église ;une gare ,des habitations à l’européenne avec des toits couverts de tuiles rouges , centre administratif et une école de sœurs ( l’actuel collège Omar ben El Khattab) à coté d’une petite école (abandonnée presqu’inconnue actuellement ,Avenue Med V) ,des bars ,  hôtel  et du petit commerce .On peut dire que le nombre des habitats en dure se compte sur les doigts car les marocains n’avaient pas droit au dur ;les bidons- villes voient déjà le jour pour assurer une main d’œuvre servile et  peu couteuse  à l’européen  bien servi et par la situation que par l’administration du protectorat .C’est dans ce cadre que le capital étranger s’attaque à l’exploitation  sans garde fous .Des fortunes émergent parodiquement laissant traces sur l’espace comme sur les humains (langues ,comportements et prise de conscience dans la  disparité sociale ).Des familles ont marqué l’espace en pleine transformation par les mains et les bras de ceux la mêmes auxquels les terres sont spoliées  entre  1916 et 1960 . 

Centre ville
En fait, la ville ne connaît sa véritable expansion qu’à la fin des années cinquante et le début des années soixante avec l’afflux des émigrés de toutes les régions  du Maroc indépendant, du nord comme du sud et de l’oriental .Les premiers quartiers marocains apparaissent : Hay el Masgid , Hay Khouribga et El Ghomaryne , avec leurs hammams et mosquées et les maisons typiquement marocains avec des  puits à intérieur.
Qu’en tirer
 - 1
         Contrairement aux autres villes créées au temps du  protectorat  (Sidi Kacem nommée auparavant Petit Jean  Kenitra  port Lyautey  Al Youssefia Louis Gentil ) Sidi Slimane est restée sans nom  peut être  à cause l’espace qu’elle occupait  au-delà de l’espace minimal que pourrait occuper  un bourg ;cela suppose que les « fondateurs » n’avait pas à l’esprit  que les premières habitations coloniales pour ne pas dire colonialistes deviendraient un la souche d’une ville marocaine et à avenir tout particulier dans son développement économique et urbain en plein centre du Gharb dit  justement « Californie » marocaine.
2
                   La ville tire son nom du Saint marabout Sidi Slimane El Baabouchi, l’un des marabouts qui pullulent dans la région à partir du 15 siècle pour la défense contre les menaces portugaises (voir le mouvement d’al Ayachi au 16-17 s). La mémoire populaire garde encore le nom du « petit Paris » mais  il reste peu courant car les colonialistes utilisent les noms de personnes en mémoire aux expéditionnaires et les pionniers colonialistes ; la ville aurait pris comme nom Henri Briou  dont la statue , nous a-t-on dit ,était érigée devant le premier centre administratif  non loin de la gare du C .F  .Il est fort probable que le nom de « petit Paris » soit utilisé pour faire une comparaison intenable entre le passé et le présent de la ville conquise maintenant par la ruralisation  et la dégradation  esthétiquement parlant. D’ailleurs je n’ai jamais rencontré ce nom sur aucun papier officiel ou non officiel pourtant il a fait sa place dans la mémoire de certains interlocuteurs, par contre le mot village circule encore parmi les habitants, designant les premières structures urbaines  de la ville actuelle. On dit encore : je vais au Village essentiellement avenue Med V et Zaouiya.    
                 L’expansion de Sidi Slimane reste indéniablement  liée  à la construction de la sucrerie de Sidi Slimane et avec le projet intégré du Oued Beht : irrigation, agrumes, betteraves à sucre et élevage,  en voilà des projets qui attirent la main d’œuvre  et les capitaux de toutes parts .La création de la base militaire par les américains (l’aviation militaire)  donna un coup de pousse à l’installation de plusieurs familles aux quartiers de Khouribga d’El Masjid et Al Ghomariyne . La ville croit urbainement ainsi dans le sillage des transformations socio économiques de la région.
                  L’église symbole du catholicisme domine encore la petite ville par sa présence  bien que fermée suite au départ des croyants -colons. Elle rappelle  encore comme lieu de culte ce passé colonial pour tous les Soulaimanis  constituant actuellement un point d’atterrissages de ces cigognes migratoires. Les ONG  d’ici la revendiquent comme centre culturel mais le conseil communal  la voit d’un autre œil .Faut il ajouter qu’elle a précédé nos grandes mosquées d’aujourd’hui !

Sidi Slimane le 14/11/09
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